Retour sur la concertation de l’avenir des vallées dans les alpes maritimes.

Le 2 octobre 2020, la tempête Alex dévastait les Alpes Maritimes avec plus de 10 morts, 13 000 sinistrés et 1 milliard d'euros de dégâts environ. C’est, de mémoire, la plus grosse catastrophe naturelle qu’a connue notre département. Afin de rebâtir, une idée originale de participation a été lancé par l’État la « concertation sur l’avenir des vallées » pour permettre aux citoyens des trois vallées (Roya, de la Vésubie et, dans une moindre mesure, de la Tinée) de proposer ensemble des projets et solutions pour l’avenir, il a été promis qu'une enveloppe de 50 millions d’euros sur les 150 millions dédiés sera dédiée aux projets des citoyens.

Ce projet, a été animé par un Préfet spécial délégué chargé de la reconstruction des vallées avec l’aide du Centre interministériel de la participation citoyenne (CIPC), qui vient en appui des ministères dans leurs démarches de consultation citoyennes (si toutefois ils veulent les mettre en place).

Il y a eu trois type d'acteurs de la participation, chacun avec un mode de participation et un rôle différent : les maires des trois vallées, des habitants tirés au sort et les internautes.

- Les élus ont formé des ateliers pour définir leurs priorités.

- En parallèle, les citoyens se sont réunis dans trois groupes de 50 citoyens volontaires (d’une moyenne d’âge entre 50 et 60 ans) où ils ont été tiré au sort (un par vallée), pour proposer leurs visions de l’avenir. Après quoi, ils se sont réunis au Musée du sport de Nice, pour dégager les grandes lignes, puis les présenter aux élus.

- Enfin, une plateforme en ligne à permis de récolter les avis des internautes sur purpoz, 1 421 participants ont fait 534 contributions et ont exprimé 7 873 votes. Aussi, des projets pouvaient être recensés en ligne autour de 4 thématiques : vivre dans les vallées, renforcer l’attractivité du territoire, prendre en compte son environnement naturel et se déplacer autrement. Il y a eu 173 propositions de projets votés à cette occasion. Une autre option permettait de poser des questions directement au préfet, mais elle a connu moins de succès, car seulement 4 questions furent posées.

Toutefois, les propositions , synthétisées dans une consultation en ligne, sont pour la plupart des déclarations d’intention et il n’est pas certain qu’elles prennent une tournure concrète. Aussi, à ce stade, les critères permettant de sélectionner un projet à la place d’un autre n’apparaissent pas clairement. Ainsi, on ne sait pas ce qu’il adviendra des multiples propositions pour lesquelles les citoyens ont donner leur temps et leur énergie .

Pourtant, saluons cette initiative innovante qui sort des sentiers battus, espérons surtout que les pouvoirs publics prendront en compte les idées des citoyens des trois vallées. Cependant, n’oublions pas qu’il s’agit d’une concertation, c’est un niveau intermédiaire de participation citoyenne juste au-dessus de la consultation, mais bien en dessous de la coconstruction, de la collaboration, ou de l’autonomisation, etc.

Dans le cadre d’une concertation, la collectivité mobilise les citoyens tant en amont pour débattre et élaborer le projet, qu’en aval pour discuter des modalités de mise en œuvre. En l’occurrence, la mise en œuvre ne semble pas avoir été débattue, bien que cette modalités pratiques soit particulièrement engageantes pour les citoyens. La concertation suppose une véritable interaction entre participants et décideurs par le biais d’ateliers (présentiels ou en ligne), de groupes de discussion, etc.

Ainsi, les citoyens ont un impact réel sur la prise de décision. La limite de ce processus de participation reste que, même si l’administration fait participer activement sa population et prend réellement en compte ses contributions, la décision finale lui appartient et elle en garde la pleine autorité.

Puis les citoyens n'ont pas été considéré au même niveau que les élus, car ils ont du présenter leur avis aux élus et non l’inverse. Trop de révolution d’un coup pourrait choquer les mœurs, mais pourrait motiver les habitants à prendre en main leur destin dans les trois vallées, dès lors pourquoi pas leur donner plus d’importance et de responsabilités tout au long de l’année sans attendre la prochaine catastrophe naturelle.