DÉMOCRATIE "MADE IN USA" : L’ART DU DIVERTISSEMENT

Voilà, nous y sommes, l’intronisation trumpienne, la conquête du pouvoir est terminée, pourtant quel spectacle, nous avions l’impression d’y être. Des retournements de situation, des destins chamboulés, un procès de chantage avec une pornstar, des showman, des businessmen, des chanteurs, chanteuses, des drames ! aucun vrai débat politique et encore moins de mise en valeur de la parole citoyenne … mais c’est cela que l’on aime aux USA le divertissement permanent !

Théâtre rocambolesque qui finit en apothéose en faisant prêter serment au Capitole une main sur la Bible, le même qui avait motivé ses partisans à y marcher lors de « L'assaut du Capitole » du 6 janvier 2021 …

Où en est la démocratie ?, tout dépend de ce que chacun met derrière ce mot. Si l’on considère la démocratie comme « le pouvoir du peuple » c'est-à-dire un mode de gouvernement où la majorité décide collectivement de son avenir collectif, nous pouvons constater la pauvreté du choix qu’ils avaient entre les ‘quasiment’ même tête d’affiche qu’il y a 4 ans. Les États-Unis d’Amérique qui se sont longtemps vu comme le porte-étendard de la démocratie font pâle figure.

Pourtant, nos petits yeux du vieux continent sont fascinés, nous n’en sommes jamais rassasiés ! Peu importe, c’est le show permanent qui nous intéresse, on se laisse éblouir par toute cette gesticulation tout en s’inquiétant de savoir à quelle sauce nous allons être mangé. Nous tanguons entre éblouissement et inquiétude, tant pis, pourvu que l’on s’amuse :)

Ce spectacle :

Le prélude : deux vieux hommes blancs (Donald Trump 78 ans et Joe Biden 82 ans) rejouent la partie pour s’affirmer comme LE candidat qui sera le prochain président des Etats Unis. L’un détrôné par l’autre en 2021 revient pour reprendre sa couronne en 2024. Tous deux sont concernés par des affaires judiciaires, l’un directement, l’autre pour ses enfants.

Le décor : Toujours les mêmes deux camps politiques (républicains et démocrates) avec des candidats pressentis depuis longtemps, qui jouent à s’opposer pour faire des alternances tous les 4 ans ! On voudrait nous faire croire que ces candidats sont portés par le soutien populaire. Mais en réalité, c'est la machine médiatique, les enjeux économiques colossaux, et les immenses mécènes financiers… qui jouent en arrière scène...

L’intrigue : L’ancien président va-t-il réussir à revenir avec toutes les casseroles judiciaires qui lui collent aux fesses ?

Les personnages : Joe Biden dans le désistement dernière minute d’un président sénior sortant. Kamala Harris une candidate américaine d’origine Indienne et Jamaïcaine qui reprend la place du candidat sortant au dernier moment. Donald Trump dans le rôle du revenant de 72 ans, de retour pour un ultime comeback #MohammedAli #RockyBalboa qui selon sa méthode outrancière chamboule tout.

Les rebondissements : Il semble d’ailleurs qu’il est été choisi par le divin, car qui d'autre que Dieu aurait pu l'épargner ? Oui un miracle l’a sauvé, alors qu’il était visé par une balle cette dernière, au lieu de lui ôter la vie, lui à percer l’oreille. Est ce un signe céleste ? bien sûr que oui. Certains Américains très adeptes de la volonté divine « In god we trust » n’ont pu voir qu’un miracle. Il est l’Élu avant même d’être élu. Quelle magie…

Il y a un biais. Celui de croire que c’est ça la démocratie. Mais en effet, c’est ce qu’elle est devenue ... enfin ce qu'on la laisse devenir.

Alors du spectacle, nous en aurons, du plus délirant au plus outrancier, du pur cinéma américain ! Ce qui est certain, c’est que la ‘GRANDE’ démocratie américaine, montre ses limites en tant que modèle.

La France n'est pas non plus exemplaire. Nul n'est exemplaire. Mais la manière dont la démocratie moderne traite les débats de société, en misant sur le divertissement plus que sur la discussion et le débat citoyen, n’élève plus ce mode de gouvernement à la hauteur des espérances que nous avons en lui.

Faire le show pour éviter de donner la parole aux citoyens n'est pas la solution.

GB