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Notre parcelle de souveraineté

Dernière mise à jour : 4 nov.


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Tout suit son cours, toute cause a des effets et voilà les conséquences de la dernière présidentielle de 2022 (lire Démocratie par défaut) Pouvait-on espérer un autre résultat que celui-ci ?


Comment ne pas se sentir trahi par la politique après se voir resservir une deuxième fois le même plat du second tour : Macron le Sauveur contre Marine la Diablesse…


C'est le système que nous avons installé. Mais rien ne nous empêche de le reprendre en main. Le renoncement, le désintérêt ou le désengagement de la cause publique ne sont pas une fatalité.


La politique bien réalisée, c’est l’art de faire cité, c’est-à-dire de vivre ensemble, dans l’harmonie et la prospérité si possible. Afin d’y parvenir nous avons délégué l’organisation de notre vie collective à des représentants. Des élus qui se sacrifient pour leur communauté mais qui sont embourbés dans un système qui déforme la beauté de leur engagement.


Au niveau national, il n’y a que des déceptions, et fausses alertes démocratiques : un référendum évoqué, que nenni… Un Grand Débat fut fait, rien n’en sort concrètement… des conventions citoyennes, rien n’a été appliqué… le pouvoir joue avec les citoyens.


L’apothéose du spectacle de désolation qui nous rit au nez : un premier ministre démissionnaire, une nouvelle nomination du même premier ministre, puis un abandon de la réforme des retraites pour maintenir le gouvernement tout en perdant la face…


Ce qui n’est que la suite burlesque du retour de revenants au gouvernement (Roseline Bachelot remplacée par Rachida Dati à la culture…)


Un mauvais casting de mort vivant…


Sans vouloir dévier du sujet, mais peut-être pour revenir aux sources, il apparaît qu’en 1789 (il y a 236 ans seulement), une Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, DDHC de son petit nom, disait en son article 6 : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Etc. » Concourir personnellement, qu’elle belle-idée… où est-il, ce droit ?  


L’idée des révolutionnaires était que chaque citoyen puisse participer, directement ou indirectement, à l’élaboration des lois. Une sorte de souveraineté populaire qui permet à chacun de décider du destin collectif de la nation.


De ce conflit entre participation directe (concourir personnellement) et participation indirecte (par leurs représentants) est né notre modèle de gouvernance actuel. Le choix s'est tourné vers une forte tendance à déléguer la gestion de notre destin collectif, certainement par utilité au début, puis par facilité ensuite, et par mépris enfin…


Certains pays comme la Suisse permettent à leurs citoyens de voter directement les propositions de loi. D’autres, comme la France, demandent aux citoyens de désigner des représentants pour faire leur boulot. EN FRANCE, NOUS AVONS RENONCÉ À FAIRE LE JOB NOUS-MÊMES.


Sommes-nous à la hauteur de nos aïeux ? À la hauteur de ce pour quoi nos ancêtres révolutionnaires se sont battus et ont fait de la France le pays phare des droits de l’homme ?


Nos institutions ont stabilisé l’exercice du pouvoir, mais lui ont enlevé sa vitalité et son incarnation. A nous d'impulser notre modèle de société pour que les institutions puissent l'organiser dans la durée : sans nous, rien ne change, sans les institutions, rien ne reste.


Dans le confort (ou le refuge ?) de notre société de consommation, seul le chaos des événements politiques nous permet de prendre conscience de l’utilité des lois et de leur impact sur notre quotidien… Il nous faut une énième dissolution pour que l’on se demande : mais que va devenir cette loi facilitant l’accès à la propriété ? Quand sera voté le congé parental qui assure la moitié du salaire pendant six mois ? etc.


La démocratie n’est pas en crise, non, elle attend notre exigence, qu’on se réveille pour la secouer, pour la réinventer ! Concourir personnellement à la loi, ce n’est pas seulement voter tous les cinq, six ou sept ans à différentes élections locales, départementales, régionales, nationales ou européennes. C’est débattre, proposer, contester, construire. C’est refuser d’être spectateur et redevenir acteur. Il faut aussi l’imagination de penser comment décider ensemble. Mais pour cela, il faut du courage, ne plus se contenter du « tous pourris » pour ensuite retourner vaquer à ses occupations.


Quoi qu’on en pense, les responsables politiques (pour la plupart) ont du courage, du mérite et de la vertu : des femmes et des hommes politiques, à tous les niveaux, agissent pour le bien commun au prix de leur tranquillité individuelle ou de leur vie de famille. On ne compte plus le nombre d’élus locaux, complètement démunis et dépassés par la complexité des procédures et la diminution des moyens, sans pour autant continuer leur combat pour leur collectivité !


Jeter la faute sur la classe politique, c’est oublier de regarder ce que nous ne faisons pas : nous ne participons pas ! Certains n’en veulent pas, d’autres le souhaiteraient sans certitude mais trouvent l’idée intéressante, mais personne ne l’exige…


Notre parcelle de souveraineté populaire a été déléguée à trop de personnes sur trop de sujet, qu’est-ce-qui nous empêche de la récupérer ?


Dès lors, comment faire ? Qu’est-ce que participer ? il y a plusieurs instances locales, conseils citoyens, conseils de développement, conseils de quartier, qui permettent d’approcher cette notion. Mais est-ce une perte de temps de s’y rendre ? cela est fort possible, ce n’est pourtant que le début d’une prise en main. Puis ensuite il convient d’exiger d’être entendu, de faire des pétitions, des demandes, d’exiger par exemple un budget participatif. Nous avons le devoir de nous entraîner pour nous approprier la démocratie et la faire vivre pour la rendre plus forte.


Être citoyen, ce n’est pas tout faire. C’est faire quelque chose. Une signature, une présence, une question posée à une réunion publique ou lancer un débat et surtout ne pas s’arrêter à la première déception. Car la possibilité d’être déçus est forte, mais cette démarche, si est partagée par nous tous, amènera à un nouveau système où nous trouverons notre place.


L’engagement citoyen est la seule issue. C’est le seul chemin vers une démocratie vivante. C’est l'unique moyen de retrouver notre parcelle de souveraineté citoyenne, face à la fatigue démocratique.


 
 
 

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